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Écouter la terre

Botanique
Écouter la terre

Ce titre générique rassemble plusieurs projets questionnant notre rapport au sol. En effet le sol n’est pas une matière simple et inerte, c’est un monde en soi, complexe et vivant. La terre est chargée de beaucoup de symboles : c’est notre planète bien sûr, le sol dans lequel nous faisons pousser notre nourriture, une matière première, la surface sur laquelle nous sommes ancrés, le territoire sur lequel ont vit.

À traquer les particules, sonores pour l’une et olfactives pour l’autre, à récolter des échantillons de terre ou des spécimens de fourrures, les deux artistes semblent aborder la création artistique comme des chasseresses-cueilleuses.(...) Une fois la matière brute récoltée, commence le travail de sublimation. Karine Bonneval, qui collabore avec la « bioacousticienne » Fanny Rybak et la céramiste Charlotte Poulsen, convoque un réseau de savoir-faire allant de l’extraction à la présentation. Des vases en céramique, comme autant d’urnes ou d’écrins aux courbes organiques, renferment les captations sonores de différents sols – celui du compost personnel de l’artiste dans sa propriété berrichonne, des champs d’agriculture intensive à proximité, d’une colline au Sri Lanka ou du jardin botanique de Berlin. Chacun des extraits dégage ses propres sonorités, plus ou moins intenses et crépitantes, selon la qualité de la terre, les activités végétales, bactériennes, animales et humaines qui s’y développent. Au mur s’étale une sorte de composition abstraite, un tissage complexe de nervures. Cette capture agrandie d’une vue de microscope saisit les effets du contact entre la main de l’artiste et un champignon. Ayant renoncé à capter le chant de ces organismes eucaryotes, trop subtil pour un homme pressé, Karine Bonneval s’est résignée à une approche visuelle. Qu’elle que soit la forme empruntée, il s’agit de transformations lentes et infimes, piètres concurrentes au sein de ce que le philosophe Yves Citton appelle « l’économie de l’attention », cette dernière étant considérée dans les logiques de marché comme une ressource sur laquelle capitaliser.

Par Orianne Hidalgo-Laurier publié le 7 mars 2018 dans la revue Mouvement à propos de l'exposition comme un frisson assoupi, centre d'art Micro Onde .

article paru dans MDPI

Nuit Blanche, Nanterre, 2020
Vertimus, experimental Gallery, Cornell,USA, 2019
Manger la terre, les semailles, Agro Paris Tech, 2019
Manger la terre, maison du conte, Chevilly Larue, 2019
Dé-jardiner, Gr_und, Berlin, 2019
Manger la terre, Cahors-Juin Jardins, 2019
L'âme des écorces, galerie Louise Michel, Poitiers, 2018
Sometimes I hear the plants whisper, musée botanique de Berlin, 2018
Comme un frisson assoupi, 2018
Open studios, GlogauAir, Berlin, 2017
The fact finder, Berlin, 2017