Partager

vertimus

vertimus

2019, 04:39
Le premier projet est un film en double projection synchronisant le redressement d'un peuplier qui a été incliné dans la sphère du PIAF et le corps d'une interprète, Emilie Pouzet.

L'idée de construire des sphères vient du fait que les arbres poussent très, très lentement. Il faut de longues semaines - parfois même des mois - pour observer leur processus de croissance et pouvoir le mesurer. La suppression du phototropisme ne peut se faire simplement en éteignant la lumière, car les arbres ont besoin de cette énergie tous les jours pour grandir.

L'originalité des sphères est leur capacité à créer un environnement de lumière isotrope, c'est-à-dire un environnement où la lumière brille de la même façon dans toutes les directions. Par conséquent, avec une programmation appropriée, nous pouvons créer un rythme jour-nuit où un arbre reçoit l'énergie lumineuse du haut, du bas et de tous les côtés. Le phototropisme n'est plus possible !

Comment un arbre se déplace-t-il s'il ne lui reste que la perception de la gravité et la proprioception ?
Un support d'arbre spécialement conçu permet de faire basculer le pot horizontalement tout en conservant l'alimentation du sol tout au long de l'expérience. Une caméra numérique installée dans un petit trou de la sphère, et contrôlée par un ordinateur, permet d'enregistrer des images des mouvements lents de notre arbre en temps réel, à un rythme régulier.
La sphère a servi de point de départ à notre travail de collaboration : une longue expérience d'inclinaison avec un peuplier illuminé à 360 degrés en juin 2019.

En parallèle, l'idée - faussement simple - que j'avais développée était de comparer la perception qu'a la plante des limites de sa propre forme et de son attraction gravitationnelle avec la perception humaine des mêmes phénomènes physiologiques.
Emilie Pouzet est performer et commissaire du programme de danse et de performance de l'association Emmetrop à Bourges. Il apparaît, en travaillant avec elle, que cette tentative de mouvement n'est pas seulement un exercice impliquant les muscles, mais permet aussi une véritable réflexion sur la façon dont les plantes bougent, chaque feuille évoluant selon sa propre perception. Elle suggère notre relation humaine à la gravité et à la physiologie. Sous cet aspect, cette expérience est similaire aux pratiques actuelles de la danse contemporaine de la BMC - body mind centering. La proprioception fait également partie des concepts sensibles développés dans ce domaine.

En utilisant des images d'archives, Emilie s'est familiarisée avec les mouvements d'un arbuste qui se redresse afin de les transformer en mouvements humains. Une tâche presque impossible, car notre structure corporelle est évidemment très différente de celle d'un peuplier.
L'interprète doit se projeter mentalement dans ce mouvement, essayer d'en saisir la complexité et d'entrer dans un temps différent, puisqu'une séquence de mouvements du corps humain en quatre minutes environ pour le film Vertimus a duré plus de deux semaines pour la plante, à raison d'une image toutes les dix minutes.

  • vertimus
  • vertimus
  • vertimus
  • vertimus
  • vertimus
  • vertimus
  • vertimus
Karine Bonneval